Traduction libre de l’article original en anglais parue sur GoGeomatics, rédigé en anglais par Farzaneh Farshad.

Lors de GeoIgnite 2025 à Ottawa la semaine dernière, Luc Vaillancourt (conseiller principal et fondateur de BALIZ) a animé une conférence-débat captivante sur le fossé persistant entre le Québec et le reste du Canada dans le secteur géospatial.
Le concept de « deux solitudes », initialement apparu dans un roman canadien de 1945 pour décrire le fossé culturel et linguistique entre le Canada anglais et le Canada français, a été exploré par Vaillancourt. Il a exploré comment cette tension historique continue d’influencer les entreprises, les partenariats et l’innovation en géomatique.
Au-delà de la technologie : la culture et la langue comptent toujours
Vaillancourt, un Québécois francophone de Québec, a souligné que malgré les progrès technologiques et la connectivité nationale, l’industrie géospatiale au Canada souffre encore de cloisonnements de communication ancrés dans la langue, la culture et des perceptions dépassées.
« Ce n’est plus une question de religion ou de capacités économiques comme en 1945. C’est une question de langue et de nuances culturelles », a-t-il déclaré, soulignant que de nombreuses entreprises anglophones peinent encore à s’adapter au contexte commercial unique du Québec, tandis que les entreprises francophones éprouvent souvent des difficultés à se développer à l’échelle nationale.
Il a proposé une solution pratique et réaliste : les partenariats stratégiques.
Les entreprises québécoises peuvent agir à titre de représentants locaux ou de revendeurs pour de grandes organisations canadiennes ou internationales qui cherchent à accéder au marché québécois. Ce modèle, a-t-il souligné par expérience personnelle, a fait ses preuves par le passé et respecte à la fois l’accessibilité linguistique et l’expertise régionale.

La géomatique dans une zone de confort
Vaillancourt a ajouté que l’industrie était trop axée sur l’acquisition de données. « Nous sommes coincés dans une zone de confort », a-t-il déclaré. « On accorde trop d’importance aux satellites, au LiDAR et aux drones. Mais cela ne représente qu’un tiers du travail. »
Il a décomposé le cycle de vie des données géospatiales en trois phases clés :
- Acquisition : le matériel, les capteurs et la collecte de données sur le terrain (qui mobilisent la majeure partie de l’attention et du financement);
- Traitement et analyse : transformer les données brutes en informations pertinentes;
- Diffusion et usage: rendre les données accessibles, détectables et exploitables par d’autres.
Vaillancourt a souligné que le secteur de la géomatique sous-investit dans les deuxième et troisième phases, là où se révèle la véritable valeur pour les communautés, les gouvernements et les citoyens. Il a pointé du doigt le manque de métadonnées, le mauvais catalogage des couches et la faible visibilité des jeux de données existants comme autant d’obstacles à l’impact.
Appel à l’auto-réflexion et à un meilleur marketing
Vaillancourt a souligné que la communauté géomatique a du mal à promouvoir efficacement sa valeur. Il a suggéré que le manque de visibilité du secteur pourrait être dû à une narration insuffisante, à un rayonnement limité et à une trop grande importance accordée aux outils et à la technologie au détriment des résultats concrets qu’ils permettent.
« Si le public ne sait pas ce que nous faisons et si nous ne pouvons pas démontrer l’impact des données que nous avons déjà recueillies, comment pouvons-nous justifier une demande de financement supplémentaire ? »
Il a encouragé les professionnels à repenser leur façon de communiquer leur travail, que ce soit en anglais ou en français, et à adopter une approche plus inclusive et accessible au public, qui mette en lumière la façon dont les solutions géospatiales contribuent à résoudre des problèmes concrets.
Combler les solitudes
La conférence de Vaillancourt s’est terminée sur une note d’espoir. Il a reconnu que, même si les clivages linguistiques et régionaux persistent, ils ne sont pas insurmontables. Grâce à des partenariats, à l’intelligence culturelle et à une communication plus ciblée, la communauté géospatiale canadienne peut devenir plus cohésive, plus efficace et plus unie à l’échelle nationale.
À la fin du déjeuner préparé par le chef, ses réflexions franches et ses idées audacieuses ont apporté la touche finale parfaite au menu du jour. Le repas a peut-être rassasié l’appétit, mais le message de Luc a laissé l’auditoire sur sa faim. Un appel à mieux communiquer, à collaborer plus étroitement et à repenser la façon dont nous servons la communauté géospatiale partout au Canada.
Sa présentation ne portait pas seulement sur la langue. Il s’agissait d’un appel plus large à une collaboration plus étroite, à une innovation significative et à une culture géomatique plus réfléchie partout au Canada. Une culture où le succès est mesuré non pas par la quantité de données collectées, mais par la façon dont nous les utilisons, les partageons et les valorisons.
À propos du magazine GoGeomatics
GoGeomatics est le seul média canadian dédié à couvrir l’industrie du géospatial au Canada. Son fondateur et éditeur est Jonathan Murphy. GoGeomatics organise également des webinaires, conférences comme GeoIgnite et expositions commerciales comme « Canada’s National Geomatics Expo ».

Notes:
- Annonce original de cette conférence avant GeoIgnite;
- À surveiller! La suite sur le sujet et débat à venir le 7 octobre 2025 lors du « Forum Géospatial Québec« !