Risques d’inondations – le rapport 2020 du Intact Center sur l’état de préparation des provinces du Canada

Climate Change and the Preparedness of Canadian Provinces and Territories to Limit Flood Risk (August 2020)

Les changements climatiques et l’état de préparation des provinces et des territoires canadiens à limiter les risques d’inondations (août 2020)

par Dr Blair Feltmate, Marina Moudrak et Kathryn Bakos.

Texte et informations tirés du rapport, traduit et adapté en français par BALIZ. Consulter le document source en anglais pour obtenir l’information originale et pour plus de détails.

Vous trouverez le rapport sur cette page menant vers tous les rapports du Intact Center : https://www.intactcentreclimateadaptation.ca/recent-reports/ ou directement en téléchargement en format .pdf avec ce lien https://drive.google.com/file/d/1Lik7NyfkvBP470pbEw6mqkodFleDHvFv/view?usp=sharing

À propos du Intact Center – le Centre Intact sur l’adaptation au climat

Le Centre Intact sur l’adaptation au climat est un centre de recherche appliquée à vocation nationale au sein de la Faculté de l’environnement de l’Université de Waterloo. Fondé en 2015, le Centre Intact sur l’adaptation au climat aide les propriétaires, collectivités et entreprises à réduire les risques associés aux changements climatiques et aux événements météorologiques.

L’Université de Waterloo est l’une des universités les plus innovantes au Canada. Avec plus de 41,000 étudiants à temps plein et à temps partiel (automne 2019), l’université abrite le plus grand système d’éducation coopérative en son genre. Sa culture entrepreneuriale, combinée à son fort accent sur la recherche, alimente l’un des meilleurs pôles d’innovation dans le monde.

Rapport sur l’état de préparation des provinces et des territoires canadiens

Ce rapport examine l’état de préparation des gouvernements provinciaux et territoriaux au Canada à minimiser les conséquences négatives des inondations actuelles et futures. Le but de ce rapport est de fournir une perspective éclairée qui contribuera à l’atténuation des risques d’inondations et climatiques actuels et futurs au Canada.

Considérant que les inondations sont actuellement la catastrophe naturelle la plus coûteuse au Canada (IBC 2019c), ce rapport fournit un tableau holistique de la façon dont les gouvernements provinciaux et territoriaux ont autoévalué leurs efforts de préparation aux inondations par rapport aux quatre piliers de la gestion des urgences: l’atténuation, la préparation, l’intervention et le rétablissement.

La préparation aux inondations des provinces canadiennes a été évaluée en fonction de 9 critères (présentés ci-dessous). Chacun des critères a été autoévalué par les juridictions en utilisant une échelle de cinq points. Les scores ont été déterminés et enregistrés en fonction d’entrevues avec des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux (p.ex., sous-ministres, sous-ministres adjoints, directeurs, conseillers principaux, etc.) qui avait une expertise appropriée par rapport au critère considéré. De 2018 à 2019, 139 entretiens ont été réalisés et enregistrés.

Description des critères utilisés pour évaluer la préparation aux inondations des provinces et territoires canadiens

1. Cartographie :

  • 1a. Cartographie des plaines inondables (Floodplain Mapping): Les cartes des plaines inondables délimitent les zones susceptibles d’être inondées, ce qui peut servir de base à la planification de l’utilisation des terres. La création et la mise à jour régulière de cartes des plaines inondables sont essentielles pour réduire l’impact des inondations.
  • 1b. Cartographie des dangers (Hazard Mapping): Les cartes des dangers, utilisées par les territoires, délimitent les zones prédisposées aux événements dangereux, y compris la dégradation du pergélisol. Les cartes sont principalement utilisées pour la planification de l’utilisation des terres dans le nord du Canada.

2. Évaluation des risques :

  • 2a. Évaluation des risques d’inondation (Flood Risk Assessment): Les évaluations des risques d’inondation définissent la probabilité que des inondations se produisent dans une zone donnée et les conséquences des inondations pour les personnes, les propriétés et les infrastructures.
  • 2b. Évaluation des risques liés aux dangers (Hazard Risk Assessment): Les évaluations des risques liés aux dangers définissent la probabilité que des dangers se produisent dans une zone donnée ainsi que les conséquences de tels événements pour les personnes, les propriétés et les infrastructures.

3. Planification de l’utilisation des terres (Land Use Planning): La planification de l’utilisation des terres gère les activités de développement afin de minimiser le risque d’inondation pour la vie, la propriété et les infrastructures.

4. Gestion des voies navigables (Waterway Management) : La gestion des voies navigables réglemente les actions visant à garantir que les modifications des voies navigables telles que l’élargissement, l’approfondissement, le réalignement ou le déboisement des rivières n’augmentent pas le risque d’inondation.

5. Gestion durable des inondations (Sustainable Flood Management): La gestion durable des inondations se concentre sur la protection des caractéristiques naturelles des plaines inondables, ce qui peut inclure le déplacement résidentiel.

6. Nouveaux projets de développement (New Development Projects): L’évaluation des nouveaux projets de développement, avec une durée de vie de plusieurs décennies, se concentre sur l’évolution des conditions climatiques et la sensibilité de ces projets à de tels changements.

7. Évaluation des infrastructures critiques – IC (Critical Infrastructure Assessment): les évaluations de l’IC se concentrent sur la vulnérabilité des systèmes critiques existants aux inondations et sur les mesures et actions clés pour améliorer leur résilience aux inondations.

8. Santé et sécurité publiques (Public Health and Safety): les évaluations de la santé et de la sécurité publiques se concentrent sur les risques d’inondation affectant les établissements de santé, les barrages, les infrastructures de protection contre les inondations et les sites contaminés abandonnés.

9. Gestion des urgences (Emergency Management): Les évaluations de la gestion des urgences se concentrent sur les risques d’inondation affectant les opérations de secours et de rétablissement, y compris la planification d’urgence pour les entreprises et les propriétaires / exploitants d’infrastructures.

Une moyenne de C pour le Canada

Les provinces de l’Alberta, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Île-du-Prince-Édouard ont chacune déclaré avoir intégré les effets des changements climatiques dans leurs initiatives de cartographie des plaines inondables. À l’inverse, les provinces de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse, de l’Ontario, du Québec et de la Saskatchewan ont toutes déclaré qu’elles ne sont pas directement responsables du développement de la cartographie des plaines inondables, mais qu’elles collaborent plutôt avec les gouvernements locaux et/ou les agences pour intégrer les effets des changements climatiques dans les cartes des plaines inondables.

Un C pour le Québec

Figure3.1.6. Préparation aux inondations pour la province de Québec. Le score de référence calculé comme la moyenne des résultats de toutes les provinces de l’Ouest et du Centre du Canada (à savoir la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et le Québec) est indiqué par la ligne en pointillés. La zone jaune représente le score de préparation du Québec.

Comme le montre la figure 3.1.6, le Québec a montré des points forts dans sa préparation aux inondations par rapport à la gestion durable des inondations (sustainable flood management), aux nouveaux projets de développement (new development projects) et à la santé et la sécurité publiques (public health & safety). Le ministère des Affaires municipales a refusé de participer à l’étude et, par conséquent, le score de l’aménagement du territoire (land use planning) de la figure 3.1.6 s’applique uniquement aux aménagements sur les terres de la Couronne. Les questions relatives aux zones de planification municipales et aux parties non constituées en municipalité de la province n’ont pas été abordées.

Une responsabilité partagée

En ce qui concerne les politiques de gestion durable des inondations, la province a signalé que la responsabilité de cette question est partagée entre les gouvernements provinciaux et municipaux, alors que la législation provinciale s’applique universellement aux terres humides isolées. Le Québec a récemment développé un système de compensation qui permettra de financer un éventuel programme de restauration des milieux humides et des voies navigables.

En ce qui concerne les nouveaux projets de développement, les promoteurs de projets sont tenus de modéliser les impacts de leurs projets sur les bassins versants en tenant compte des changements climatiques à un horizon de 2050-2080. Pour les zones inondables identifiées avant le démarrage d’un projet particulier, les promoteurs du projet doivent effectuer des analyses de modélisation hydrologique et hydraulique. Sinon, si les zones inondables ne sont pas identifiées avant le lancement d’un projet, les promoteurs de projet sont tenus de les identifier. Par rapport aux barrages hydroélectriques, ces projets sont assujettis au Règlement provincial sur la sécurité des barrages. En même temps, les barrages appartenant à la province sont évalués par les autorités provinciales.

Le Québec a également signalé que le risque d’inondation des établissements de santé est traité par la province, en collaboration avec les autorités municipales, en termes de cartographie, d’atténuation et d’évacuation, le cas échéant.

À l’inverse, le Québec a indiqué qu’il était sous la moyenne régionale principalement en ce qui concerne la gestion des urgences. La province a déclaré que les municipalités du Québec sont indépendamment responsables de la préparation des crues printanières, bien qu’elles soient appuyées par l’expertise provinciale dans ce processus. La province a déclaré que les municipalités sont responsables d’assurer la continuité de l’approvisionnement en carburant en cas d’urgence – cependant, elles peuvent demander l’aide des organismes régionaux ainsi que directement du gouvernement du Québec.

En ce qui concerne les inondations liées aux glaces, la province a indiqué que les municipalités régionales de comté (MRC) doivent tenir compte des risques d’inondation causés par les embâcles.

Au Canada, l’atténuation des risques d’inondation relève habituellement des administrations locales. Elles examinent et approuvent les nouveaux développements et entretiennent les systèmes de gestion des eaux pluviales. L’inaction des gouvernements locaux face aux risques d’inondation peut avoir de graves conséquences financières. Bien que les coûts économiques considérables et croissants des inondations illustrent la nécessité de réduire les risques d’inondation au Canada, les facteurs qui sont à l’origine des inondations démontrent encore davantage l’urgence d’agir maintenant. 

Source ayant fait découvrir l’existence de ce rapport à BALIZ: Une publication sur la page LinkedIn du Intact Centre on Climate Adaptation https://www.linkedin.com/company/intact-centre-on-climate-adaptation/ , publiée le 6 août 2020.

Autre source : Protéger les collectivités canadiennes contre les inondations :

https://www.intactcentreclimateadaptation.ca/wp-content/uploads/2018/11/Climate-Change-Adaptation-Projects-FR.pdf

Lien avec le plan PPFTI, par ou pour le Québec

En avril 2020, le gouvernement du Québec a donc donné les détails du Plan de protection du territoire face aux inondations (voir notre sommaire de ce plan PPTFI), qui prévoit un budget de 479 millions de dollars et qui contient 23 mesures. Parmi ceux-ci, la cartographie et l’information géographique comptent pour environ 10% du budget total, soit 45 millions. Ce plan est le fruit de travaux réalisés en concertation afin de doter les municipalités du Québec de balises et de moyens visant à planifier l’aménagement du territoire de façon efficace, concertée et cohérente et à mieux faire face aux aléas d’inondations.

L’aménagement du territoire est l’une des meilleures façons d’accroître la sécurité des personnes et la protection des biens dans les zones de contraintes et de réduire les dommages associés aux inondations. Au Québec, l’aménagement du territoire est une responsabilité partagée entre le gouvernement et les municipalités.

Des solutions durables pour protéger nos milieux de vie : Lien vers le document du Plan de protection du territoire face aux inondations :

https://www.mamh.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/amenagement_territoire/plan_protection_territoire_inondations/PLA_inondations.pdf